Start-up mania by Michel Turin

Start-up mania by Michel Turin

Auteur:Michel Turin
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Calmann-Lévy
Publié: 2019-12-04T06:27:40+00:00


Chapitre 8

LE CAC 40 SAISI PAR LA START-UPISATION

Les extrêmes se rejoignent, dans la vie des affaires comme ailleurs. Il n’y a pas à première vue deux univers entrepreneuriaux plus diamétralement éloignés l’un de l’autre que celui des grands groupes et celui des start-up. Et pourtant… Les start-up sont devenues l’opium du CAC 40. Les grands groupes n’arrêtent pas de jeter des passerelles entre les deux mondes. La passion dont ils font preuve à l’égard des start-up est relativement récente. Jusqu’au début des années 2000, ils s’en souciaient comme d’une guigne. Mais ils ont depuis rattrapé le temps perdu. Si les grandes entreprises sont obsédées par les start-up, c’est qu’elles ont une peur bleue d’être « ubérisées ». Les grands groupes surveillent leur environnement pour ne pas être chahutés par l’arrivée de concurrents qui les délogeraient des marchés sur lesquels ils sont confortablement installés. Ils craignent d’être dépassés par les produits ou les services sortis des technologies les plus récentes.

Pour se mettre à l’abri d’une mauvaise surprise, les grandes entreprises traditionnelles soit nouent des partenariats avec des plateformes numériques, soit les achètent assez tôt pour qu’elles n’aient pas le temps de venir les bousculer. Certains grands groupes sont allés jusqu’à créer des structures spéciales pour accueillir de jeunes entreprises innovantes ayant une approche originale. Ainsi, ils sont assurés de pouvoir procéder à bon compte à une veille technologique sur leurs métiers, ils siphonnent l’innovation dans ces petites structures pour piloter leur propre transformation. Les grands groupes se comportent comme le faisaient les entreprises japonaises après la Seconde Guerre mondiale ou les entreprises chinoises dans la deuxième moitié du XXe siècle vis-à-vis des entreprises occidentales, dont les unes et les autres ont pillé les technologies. Les start-up en mal de sponsors leur apportent des informations précieuses sur l’état de leurs marchés respectifs. Les grands groupes de l’indice CAC 40, les 40 plus grandes capitalisations cotées à la Bourse de Paris, contribuent ainsi à l’élévation du taux de mortalité des start-up. Celles qu’ils achètent ne grandiront jamais, puisqu’elles auront été fondues dans des périmètres existants.

Les grands groupes ne sont pas à court d’arguments tendancieux pour justifier l’intérêt, parfois mortifère, qu’ils portent aux start-up. Chargé d’écumer l’écosystème dans le secteur d’activité du groupe Danone, c’est-à-dire l’industrie agroalimentaire, Danone Manifesto Ventures a fait main basse sur 95 % du capital de Michel et Augustin au mois d’avril 2019. Le fonds d’investissement du géant mondial des produits laitiers avait déjà croqué trois ans plus tôt les parts, détenues à hauteur de 40 % par Artémis, le holding de la famille Pinault, dans la start-up à succès. Montée en 2004 par deux amis d’enfance passés par l’ESCP, la grande école de commerce, elle s’était vite rendue célèbre pour ses biscuits et yaourts bobos et rigolos, ses mousses au chocolat et ses cookies. Dans le quotidien Les Échos daté du 16 juillet 2018, le directeur général de Danone Manifesto Ventures, Laurent Marcel, établissait ainsi la feuille de route « officielle » de la structure ouverte à l’été 2016 : « Nous avons une approche différente des acquisitions classiques.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.